lundi 16 janvier 2017

Lundi 16 janvier - Histoire - Une gouvernance économique mondiale depuis le sommet du G6 en 1975


Thème 3 -  Les échelles de gouvernements dans le monde :  L'échelle mondiale

Séquence - Une gouvernance économique mondiale depuis le sommet du G6 en 1975

Séance 1 - Comprendre la notion de gouvernance

- Penser la gouvernance, c'est penser la révélation d'un rapport de force à une échelle donnée.

- L'idée est de comprendre comment les hommes gouvernent les territoires dans certains domaines à certaines échelles. Et donc quels sont les rapports de forcequi se révèlent.

Rappel: la notion référencée de gouvernance à partir du livre (double page d'introduction de la séquence sur la gouvernance mondiale - pages 188-189 et 314-315) .

Schéma heuristique






Gouverner : L’Etat constitue encore aujourd'hui l'unité politique fondamentale dans le monde. Ce modèle d'organisation politique est le produit d'une longue construction historique qui commence avec l'apparition de l'État moderne en France et en Angleterre entre le XIIIe et le XVe siècle. Il faut cependant attendre le XIXe siècle pour que l'État en Europe dispose des moyens nécessaires pour forger l'unité nationale. l’Etat a toujours précédé la nation en France. Gouverner s’entend donc par rapport à l’Etat et par rapport à nation.

Art de gouverner les hommes en référence à l’art de “manoeuvrer un navire” (Grec Kubernân) et Platon est le premier à l’avoir employer. C’est le fait d’exercer le pouvoir politique en même temps que l’organe chargé d’administrer l’Etat (au travers d’une administration, ensemble des services et agents chargés d’assurer l’application des lois et le fonctionnement des services publics, et des représentants politiques élus pour les diriger). Cela implique de gouverner à une échelle donnée, dans une structure donnée avec l'autorité nécessaire et la reconnaissance de tous.
 
Gouvernance : Manière de concevoir et d’exercer une autorité à une échelle donnée, que ce soit à la tête d’un Etat, d’une organisation ou d’une entreprise. C’est un mode collectif de prise de décision réalisé par plusieurs acteurs de natures différentes (États, Institutions et organisations internationales, FTN, ONG...).

Concept d’origine économique apparu dans les années 1930 chez les économistes américains (Ronald Coase, The Nature of the Firm, 1937) et associé à l’organisation et au fonctionnement des entreprises. 

 C’est néanmoins une notion ancienne (Platon, Moyen Âge) qui est surtout revenue au goût du jour à partir de 1979 sous le gouvernement néolibéral de Margareth Thatcher (étude sur la limitation et la recomposition du pouvoir des autorités locales visant à développer leur privatisation). La notion n'est pas neutre et elle est marquée idéologiquement.

Elle  a ensuite gagné la sphère des politiques publiques et les institutions internationales avant de faire florès au début des années 1990, au moment de la mise en oeuvre des règles du Consensus de Washington et de la systématisation des Plans d’Ajustement Structurel (PAS) par les institutions internationales (un volet Good Governance est présent dans les objectifs fixés).

Notion complexe et polysémique, pouvant prêter à confusion et qui renvoie à l’idée de gouverner les hommes dans un cadre donné. La notion de gouvernance s’applique en fonction d’une échelle donnée (géographie et géopolitique), sur un territoire ou une organisation sociale (FTN, ONG, institutions…) et implique différents acteurs, et notamment ceux qui sont chargés de prendre mais aussi de faire appliquer les décisions.


Notion d’inspiration néolibérale qui revient au goût du jour avec la mondialisartion et l’arrivée de reagan et Thatcher au pouvoir: idélogiquement connoté et qui vise à comprendre et gérer l’Etat comme on gèrerait les entreprises.

Pour aller plus loin dans l'approche de la gouvernance:

Longtemps tombé en désuétude, le terme « gouvernance», qui désigne depuis le Moyen Age « l’art de gouverner les hommes », se généralise dans les années 1990 chez les économistes et les politologues anglo-saxons pour qualifier le fait de gouverner et le distinguer de l’organe de gouvernement, tout en promouvant un nouveau mode de gestion des affaires publiques (« la bonne gouvernance »). A l’échelle internationale, la gouvernance mondiale désigne un système de prises de décisions qui inclut en plus des acteurs tradionnels, les acteurs non étatiques (entreprises, société civile).

Une notion libérale et anglo-saxonne: Ce terme fait partie de cette « constellation » de néologismes produits par la mondialisation néolibérale.

Si le terme de gouvernance est d’origine économique, ce dernier est apparu dans les années 1930 chez les économistes américains (Ronald Coase, The Nature of the Firme, 1937). Il a été associé de suite à l’organisation et au fonctionnement des entreprises.

Il s’impose ensuite au début des années 1990 au travers d’un livre fondateur « Governance without government » de Rosenau et Czempiel (1992), année où est créée à Londres le centre pour l’étude de la gouvernance globale. De nombreux articles traitent alors de la gouvernance d’entreprise avec la même finalité : concevoir l’entreprise comme une entité mouvante voire vivante dans laquelle la somme des intérêts divergents des acteurs doit permettre d’aboutir à un équilibre.

Polysémie de la définition de gouvernance, confusion et précaution à adopter face à cette définition : La polysémie actuelle masque mal un concept devenu fourre-tout, qui peut recouvrir de nombreuses réalités différentes à toutes les échelles et incarner de nombreux acteurs : gouvernance d’entreprise, territoriale, associative, hospitalière, politique à de nombreuses échelles... Il s’agit donc d’une notion floue, contradictoire, évolutive. 

Complexité et invariants (ce qui ne varie pas) de la définition de gouvernance: La définition bien que complexe, repose sur quelques invariants:

- La gouvernance envisage toute forme d’organisation sociale (entreprise, Etat, terre entière...) comme un espace de jeu commun, de négociation ou de rapport de force en redéfinition constante . Dans cet espace, s’élaborent des règles communes qui permettent de faire « vivre » le jeu. Pour que chacun accepte de jouer, une dynamique coopérative doit s’instaurer permettant à tous les acteurs d’envisager leur participation comme une relation gagnant-gagnant. La négociation est permanente entre tous les acteurs. Ce processus a été valable pour la construction européenne, il est aujourd’hui perçu comme tel dans le cadre de l’OMC. 
- Des règles communes, des normes collectives définissent les grandes orientations à mener à partir de procédures diverses : de la simple consultation intergouvernementales jusqu’à l’adoption de législations communes en passant par la définition d’objectifs à atteindre, de bonnes pratiques...(soft law). Elle repose sur la coopération entre Etats mais aussi sur l’action d’institutions multilatérales à l’échelle mondiale ou régionale. 
- Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la source du pouvoir procède de ce que l’on possède matériellement. Désormais, la ressource correspond moins à ce que l’on a qu’à ce que l’on crée. Dans une société d’abondance (au sens où aujourd’hui plusieurs milliards d’hommes ont accès à la société de consommation) la gouvernance intervient notamment sur les mécanismes de partage et de redistribution, la prise en charge des inconvénients liés à l’abondance (pollution, encombrements, déchets) mais aussi des raretés engendrées par l’abondance : eau, air, espace... (cela pose le problème de la monétisation des ressources et celle de la marchandisation du vivant). 
- La recherche de l’intérêt général provient de la prise en compte des intérêts particuliers dans un système permanent et ouvert de négociations en réseau. Chacun a donc théoriquement son mot à dire. Ce point de vue universaliste reste dans les faits plus ou moins théorique. Les rapports de force ne sont pas abolis. Trois formes de rhétorique apparaissent dans ce cadre: la discussion, le débat, le marchandage dans le cadre de processus long de recherche d’un consensus. Plusieurs formes d’association sont possibles : l’équipe, le club, le partenariat.


Notions complémentaires
Nation 
État
État-nation

L'État-nation constitue encore aujourd'hui l'unité politique fondamentale dans le monde. Ce modèle d'organisation politique est le produit d'une longue construction historique qui commence avec l'apparition de l'État moderne en France et en Angleterre entre le XIIIe et le XVe siècle. Il faut cependant attendre le XIXe siècle pour que l'État en Europe dispose des moyens nécessaires pour forger l'unité nationale.

Quant à l'idée de nation en France, si elle s'esquisse dès le XVe siècle, elle ne prend son sens contemporain qu'au XVIIIe siècle et lors de la Révolution française : celle d'une communauté politique, liée à un État et à un territoire donné, fondée sur la conscience de caractéristiques communes et sur la volonté de vivre ensemble, et dont la défense est assurée par une armée nationale issue en grande partie de la conscription.

L'État-nation s'impose progressivement en Europe et en Amérique latine au XIXe siècle pour triompher au lendemain de la Première Guerre mondiale. Après 1945, il se diffuse au reste du monde : alors qu'à sa création l'ONU ne compte qu'une cinquantaine de membres, elle accueille 193 États en 2011.

Problématiques:
  • Quels sont les acteurs de la gouvernance économique et financière mondiale ? Quelles sont leurs relations ? 
  • Comment se concrétisent-elles ? 
  • Quelles sont les limites de leurs actions ? 
  • Sur quels principes  fondent-ils leurs actions et leurs décisions ? 
  • Quels obstacles et oppositions rencontrent-ils ? 
  • Pourquoi faut-il réguler et réglementer l'économie et la finance à l'échelle mondiale ?

Cours magistral

Introduction : la gouvernance mondiale de 1929 à 1976 



Séance 2 - La gouvernance économique mondiale des années 1970 à nos jours - Acteurs, principes, modes de régulation et de gouvernance 

Qui gouverne ? Comment ? Quelle hiérarchie en découle ? Quelles en sont les limites ?

Etat des lieux de la gouvernance mondiale : page 188-189

- La plupart des membres du G20 appartiennent aux pays occidentaux, s'y ajoutent les BRICS et les principaux Etats émergents : c'est un exemple de la "diplomatie de club" dont parle B. Badié.

- C'est un rassemblement des Etats les plus performants et les plus puissants économiquement : ils sont 19 + l'UE. Sur 193 membres de l'ONU et sur les 201 Etats du monde, seuls 10 % des Etats décident des régles et gouvernent l'économie mondiale et sa régulation. Cette gouvernance mondiale ne l'est pas tant que ça, elle est le fait des plus puissants et encore a-t-elle évolué depuis les années 1990 et 1975 où seuls 6 Etats participaient (Fr, GB, Japon, E-U, Italie, RFA).

- La plupart des Etats du sud connaissent un développement fort, plus important en moyenne que les Etats traditionnellement industrialisés et développés: on parle d'un effet de rattrapage. Cependant, la majorité reste des Etats en développement, et sur ces derniers, 48 sont des PMA. Seuls se détachent des Etats émergents, au premier rang des quels se trouvent les BRICS, appellation à remettre en cause et de moins en moins cohérente. 

- Les principales institutions chargées de réguler l'économie mondiale sont le FMI, la BM , l'ONU, l'OMC et les organisations régionales (UE, Mercosur, ALENA, ASEAN, CARICOM...). La majeure partie de ces acteurs sont issus des accords de Bretton Woods datant de 1944, ils résultent des conséquences de la crise de 1929 et des évènements qui déclenchèrent la Seconde Guerre mondiale. En clair, les institutions de régulation contemporaine sont des insitutions issues de l'ordre mondial d'après guerre , elles répondent à des intérêts occidentaux et surtout américains.

- Deux contestations se font jour :
  • celle de l'altermondialisme portée par les forum sociaux (Porto Alegre...) qui réunissent tous les opposants et contradicteurs de la gouvernance économique mondiale actuelle parce qu'elle est libérale, sans régulation et en faveur des intérêts des E-Unis et des Etats occidentaux
  • celle des Etats émergents et notamment de la Chine qui ne se retrouve pas en terme d'intérêt dans la gouvernance mise en place.





Cours en autonomie:
Les élèves sont organisés en groupes de deux à trois et se répartissent les études de cas des pages 190 à 197.
  • organiser l'économie mondiale depuis 1975 (système de gouvernance, modalités, enjeux et nouveaux rapports de force mondiaux, limites)
  • du G6 au G20 depuis 1975 (acteurs, modalités de création, objectifs, limites) 
  • la gouvernance économique mondiale vue par les Etats du sud depuis les années 1970 (revendications, objectifs économiques et politiques, critiques de la gouvernance économique contemporaine, institutions alternatives et remises en cause de la gouvernance économique mondiale)
  • l'essor d'un mouvement altermondialiste (acteurs et organisation, motivations et revendications, modes d'actions et limites)
Film à voir : The Big Short 



COURS MAGISTRAL A RECUPERER 

Repenser la gouvernance économique et financière mondiale pour l’adapter à une nouvelle phase de la mondialisation ou la gouvernance mondiale depuis la fin du système de Bretton Woods : Comment adapter la gouvernance mondiale aux mutations de l’économie mondiale et du monde des années 1970 à nos jours ?

I) Les raisons de la remise en cause des Accords de Bretton Woods

Les années 1970 représentent un tournant dans la gouvernance économique mondiale en affirmant la dérégulation (absence de régles ou diminution du nombre de régles contraignantes) comme une solution face à une économie en crise.

  •  Les difficultés et ralentissement de l’économie américaine 
  •  La décision des Etats-Unis du Président Républicain Richard Nixon le 15 août 1971 de mettre fin à la convertibilité du dollar en or pour « défendre le dollar » et « limiter la spéculation », l'objectif réel est de rendre l'économie américaine et ses exportations plus compétitive à l'export. 
  •  Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 marquent les difficultés pour les économies occidentales et notamment américaine, et l’entrée en scène des pays exportateurs de pétrole qui accumulent grâce à leur coordination au sein de l’OPEP des pétrodollars qui vont être à l’origine des premiers fonds souverains et des investissements notables dans les entreprises occidentales. 
  •   L’essor d’une mondialisation des échanges au fur et à mesure de l’évolution de la Guerre froide mais surtout le développement d’une interconnexion plus grande entre places financières qui crée un marché unique des capitaux, et rend leur mobilité plus grande, fragilisant le système de Bretton Woods.
  • Les limites de Bretton Woods pour les partenaires des Américains (« le déficit sans pleurs » (De Gaulle) et l’absence du respect de la convertibilité de l’étalon-or avec le dollar) : cela permet de réduire les déficits publiques qui commencent à s'accumuler en Occident en modifiant le cours des monnaies et leur compétitivité par la dévaluation.
  •  L’apparition de nouveaux acteurs comme les NPI (Nouveaux Pays Industrialisés comme les dragons et tigres d’Asie) dans les années 1980 transforme par leur nombre les règles et le jeu des acteurs économiques,: la concurrence de ces nouveaux acteurs accentue d'autant pour les Occidentaux la nécessité de bouleverser les règles de Bretton Woods et la parité or-dollar. 
  • L’émergence de nouveaux acteurs non gouvernementaux comme le Forum Economique Mondial ou le Forum de Davos (1971) qui permet la rencontre et des décisions entre décideurs, entrepreneurs, spécialiste et stratèges, complique et complexifie les règles et la gouvernance économique mondiale. Ils modifient à leurs avantages, les règles du jeu.
SCHEMAS:



Les accords de Bretton Woods, leurs objectifs et leurs modalités

la situation économique mondiale dans les années 1970, la réaction américaine et la remise en cause des accords de Bretton Woods
 
II) Les conséquences de l’abandon du système de Bretton Woods modifient la gouvernance économique mondiale jusqu’à nos jours

Il faut envisager une autre gouvernance mondiale, selon d’autres principes et avec d’autres institutions, tout en prenant en compte l’évolution du monde après la Guerre froide et dans le cadre de la mondialisation contemporaine qui s'annonce.

1) De nouveaux principes qui entrainent une accélération de la mondialisation, une remise en cause de l’Etat-Nation et une instabilité financière systémique
 
  • Les accords de Kingston en Jamaïque en 1976 officialisent l’abandon des parités fixes et la fin du contrôle des changes. Les monnaies sont libres alors de voir leurs cours fluctuer au gré des marchés et de la demande. Il est désormais possible de spéculer avec le cours des monnaies. La monnaie devient un objet de spéculation comme les autres, au rique de fragiliser certaines économies et certains Etats.
  • Les années 1980 imposent dans le monde anglo-saxon, une révolution conservatrice néolibérale (Reagan et Thatcher en GB) et se traduisent par des principes nouveaux, éloignés des théories keynésiennes et de l’esprit de Bretton Woods
On parlera de politiques économiques « néolibérales » théorisées par l’Ecole de Chicago et des personnalités comme Milton Friedman, Arthur Laffer ou Jacques Rueff traduites par les mesures suivantes

- Recul de l’intervention étatique et dénonciation du rôle de l’Etat-providence 
- Libéralisation des mouvements de capitaux 
- Privatisation des entreprises publiques 
- Les 3D: Dérégulation, Déréglementation et Désintermédiation, notamment du secteur bancaire financier 

Les conséquences sont nombreuses :

- Les marchés doivent s’auto-réguler et le contrôle tout en remettant en cause le rôle de l’État-nation, est confié à des autorités indépendantes (banques centrales, agences de notation, institutions internationales). 

- La frontière entre public et privé s’estompe au profit du privé, cela accélère la mondialisation, la favorise tout autant que le retour des crises financières depuis 1987.

- Les échanges s’intensifient, les IDE augmentent sous l’effet du développement des FTN, tandis que la spéculation et les krachs boursiers se multiplient.


SCHEMA:



Les conséquences de la remise en cause des accords de Bretton Woods et de la nouvelle gouvernance économique mondiale depuis 1975



 2) Une nouvelle gouvernance, de nouveaux acteurs économiques et financiers 

  • Le FMI voit son rôle évoluer et change de fonction: il devient « gendarme des politiques publiques » en développant des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) pour les pays qui en ont besoin, notamment ceux du Tiers Monde, ceux nouvellement décolonisés ou ceux qui sont endettés. Cela ne va pas sans limites de plusieurs natures (CF exposés et la situation de l’Argentine ou de la Grèce). 
  • Les structures de gouvernance évoluent et de nouvelles organisations apparaissent
  • Le G6 est créé en 1975 (Royaume Uni, Japon, Allemagne, Etats-Unis, France, Italie – première réunion à Rambouillet) et dès 1976 il s’élargit au Canada devenant le G7, auquel la CEE participe sans être directement représentée. 

Le principe de discussions multilatérales entre Etats développés devient la norme et le principe de négociation de base. En juillet 1991, l’URSS est invitée au G7 de Londres et laisse la place à la Russie qui devient membre associé avant d’en devenir membre permanent en 1998: le (G7+1) G8 est né et il réunit les sept pays les plus riches de la planète, la Russie y est admise au regard de son poids géopolitique.  

« Une véritable diplomatie de club » (Bertrand Badié) se met en place et des accords sont trouvés au sein de ce groupe (accords du Plaza en 1985 pour la stabilisation du dollar, accords du Louvre pour la dépréciation du dollar par rapport au Yen). 

Cette approche de la gouvernance mondiale essentiellement économique évolue à terme vers des questions géopolitiques et géostratégiques (Crise des Euromissiles, réunification allemande, guerre du Koweit). Cela ne va pas sans créer des critiques et des réactions vives (manifestations en 1999 à Seattle et en 2001 à Gênes qui marquent la vivacité des mouvements altermondialistes et leurs résistances...). 

En 1999, à la suite de la crise asiatique, une réunion informelle regroupe les principaux acteurs économiques mondiaux et les principales économies du monde : c'est la naissance du G20. Il compte 19 membres auxquels s’ajoute l’UE. 

La crise économique de 2008-2009 propulse le G20 au rang de gouvernement économique du monde car il intègre les émergents (BRICS), le G20 représentant alors 85% du gouvernement mondial, 90 % du PIB mondial et deux tiers de la population mondiale. 

Ses préoccupations se sont même élargies en plus des prérogatives du G8, à d’autres questions (migrations, terrorisme, flux illégaux, environnement, question agricole pour faire face aux problèmes de la production agricole et de l’envolée des prix en 2011) 

  • Après la Guerre froide, dans une période où la puissance américaine exprime à plein son hyperpuissance (H.Védrine), la création de l’OMC en 1995 à la suite de l’Uruguay Round (1986-1994) et de la Conférence de Marrakech, modifie les normes du commerce mondial et sa régulation. 

l'OMC remplace sous la forme d’une institution dotée d’une personnalité morale, le GATT. Elle s’impose comme le premier espace de régulation et de concertation économique. 

C’est une vraie rupture dans la gouvernance économique et commerciale mondiale. Moins puissante que le FMI ou la BM en termes d’actions et de moyens, elle supplante l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), organisation de consultation et productrice d’études économiques au service des Etats développés, créée en 1948, siégeant à Paris et comptant 34 membres. 

Elle a pour responsabilité et mission de favoriser l’ouverture commerciale en réduisant les obstacles au libre-échange (barrières et tarifs douaniers, règlements des différends, obstacles non tarifaires…). Basée à Genève, elle compte 157 membres et s’avère dirigée par Pascal Lamy depuis 2005. 

Elle a accueilli en son sein, la Chine en 2000 et la Russie en 2011. Elle gère les accords négociés entre Etats et en contrôle l’application quand elle ne règle pas leurs désaccords au travers de réunions ou de décisions auxquelles les Etats doivent se soumettre. Un principe fort la distingue pourtant du FMI et de la BM: l’égalité entre Etats contrairement à la hiérarchie de puissance qui structure les deux autres institutions.
  • D’autres acteurs non étatiques s’imposent dans la régulation et la gouvernance économique et financière après la chute de l’URSS: les FTN qui deviennent par leur gigantisme et leur inscription dans la mondialisation, plus puissantes que des Etats et les ONG qui par leurs actions, peuvent influer sur les réglementations et sur l’opinion publique.
  •  D’autres acteurs indépendants des Etats se signalent par leur influence et leur rôle croissant dans la régulation de la mondialisation comme les agences de notation ou les banques centrales, non sans faillites lors de la crise de 2008. 
  • On constate aussi face à l’affaiblissement des institutions onusiennes issues de Bretton Woods et de l’Etat-nation dans la mondialisation 
  • En parallèle, on assiste à une régionalisation du monde et à l’essor d'organisations régionales (Mercosur, ALENA, ASEAN, APEC, UE…) qui reposent sur une intégration accrue et une gouvernance interne plus ou moins avancée économiquement (UE).  
  • La possibilité de liens entre elles s'accroit avec la perspective aujourd'hui grandement remise en cause par les populismes européens (Brexit) et américain (élection de Donald Trump), de traités transcontinentaux :
- TAFTA ou TTIP (partenariat transatlantique de commerce et d'investissement) : projet d'accord transcontinental non ratifié ni validé, initié en 2013, en cours de discussion et susceptible d'aboutir à la plus importante zone de libre-échange mondiale avec 820 millions de consommateurs potentiels, 50 % du PIB mondial et 40% des échanges mondiaux.
Il est remis en cause aujourd'hui par le nouveau Président élu, Donald Trump.

AECG (Accord économique et commercial global) initié en 2014 entre l'UE et le Canada pour la mise en place d'un accord régional et devant être ratifié par les Etats européens et le Canada d'ici à fin 2016.

- Tripartite, accord continental africain signé en juin 2015 visant à créer un marché commun allant du Cap au Caire, et réunissant à l'échelle africaine, trois régions économiques : le COMESA (Afrique australe et Afrique de l'Est), l'EAC (Communauté d'Afrique de l'Est) et la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe).

- TPP, Traité transpacifique, signé le 5 octobre 2015, invite à intégrer via un traité multilatéral de libre-échange les économies d'Amérique et les régions d'Asie-Pacifique (Australie, Canada, Brunei, Chili, E-U, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam).Il est remis en cause aujourd'hui par le nouveau Président élu, Donald Trump.

La gouvernance économique mondiale se complique et se modifie en profondeur avec de nouveaux acteurs, de nouveaux principes et de nouvelles logiques. 

Les contestations sont de plus en plus vives, les crises se multiplient, les inégalités s'accroissent, la régulation économique est insuffisante : une nouvelle gouvernance économique mondiale est nécessaire, les régles actuelles et ses institutions doivent être repensées.
 
III) La gouvernance économique mondiale et ses limites : une gouvernance à plusieurs niveaux qui reste contestée et qui doit évoluer

Exposé sur l’OMC 
Exposé sur la crise de 2008
  •  La gouvernance économique actuelle est une gouvernance insuffisante qui n’a pas su prévenir les crises, les juguler ou limiter leurs conséquences financières, économiques, politiques et sociales.   
Depuis 1997, les crises systémiques se multiplient et leur impact est mondial, démontrant l’interdépendance et les relations de plus en plus étroites entre les places financières, boursières et commerciales mondiales : 
- Crise asiatique en 1997
- Crise du real brésilien en 1998 
- Krach de la nouvelle économie en 2000
- Attentats du 11 septembre 2001 et banqueroute de l’Argentine 
- Crise des subprimes de 2007 qui provoque la faillite de Lehman Brothers et la tempête financière de l’année 2008 
- Tsunami au Japon de mars 2011 qui provoquent un ralentissement en Asie 

- Crise des dettes souveraines de la zone euro en 2011 

Outre l’effet-domino que cela induit, une crise financière et boursière à un endroit du monde entraine toutes les autres places dans une situation de vulnérabilité voire de fragilité. 

Cela impacte le secteur bancaire et financier mais aussi l’économie réelle, provoquant à terme de fâcheuses et radicales conséquences économiques (difficulté à obtenir du crédit pour les entreprises et les particuliers, fermeture d’entreprises et montée du chômage, précarisation et ralentissement de la consommation…), sociales et politiques (précarisation, montée des populismes et des partis extrémistes de droite et de gauche, déstabilisation des Etats et des personnels politiques, politiques d’austérité et de rigueur…) . 

Ces crises montrent les limites de la gouvernance économique et financière mondiale et les limites de ses institutions et modes de régulation actuels. Elles se sont traduites comme pour celles de 2008 par des politiques d’austérité et de rigueur peu opérantes qui ont été très mal vécues par les populations obligées de s’y soumettre (souveraineté nationale prise en défaut), pour des résultats peu convaincants mais douloureux. Plus armées pour encadrer ou redresser les Etats en difficulté ou arbitrer entre eux, les institutions internationales ou organisations concernées (G20, FMI, BM, agence de notations comme Fitch, Standard & Poors, Moodys) n’ont pas su prévoir ou anticiper les difficultés. Parce que là n’étaient pas forcément leurs missions mais aussi parce que les difficultés n’ont pas été considérées au sein des Etats et des FTN bancaires et financières, quand les risques n’ont pas été purement et simplement négligés. 


Les instances de régulations nationales et internationales, celles chargées de la gouvernance économique furent donc absentes, inadaptées, défaillantes ou trop peu efficaces et rapides dans leurs réactions et la prévention des risques. Il faut donc envisager d’autres modes de relais, de régulation, de prévention et d’action.
  • Face à cette montée des inégalités, face à la récurrence des crises, un mouvement social et mondial appelle à une nouvelle gouvernance économique mondiale : l'altermondialisme. Il suppose une autre approche de la mondialisation et de la régulation économique mondiale. Cette contestation est portée par la société civile: elle regroupe ainsi des ONG (Greenpeace, MSF, Amnesty International...), des mouvements politiques plus ou moins radicaux (Siriza, front de gauche, Podemos en Europe), la société civile et des associations comme ATTAC ou le mouvement des économistes atterrés. Elle s'organise notamment autour de Forum social mondial comme le Forum de Porto Alegre qui sont une réponse aux forums de Davos où se déroule le forum économique mondial ou les réunions du groupe de Bilderberg.
 
  • La gouvernance économique actuelle, sous l’effet de la crise s’ouvre aux émergents au premier rang desquels se trouvent les BRICS (BASIC=Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine + Russie=ré-émergent), pour leur donner un nouveau rôle, rôle qu'ils étendent parce que le centre de gravité de l'économie mondiale a "basculé vers l'Asie".
La crise de 2008 a fait apparaître au grand jour le rôle, l’importance nouvelle et depuis lors sans cesse réaffirmée des émergents, notamment des BRICS et plus encore de la Chine dans la gouvernance économique mondiale et la gestion de la crise à court et long terme. Ainsi, souhaite-t-elle depuis son entrée en 2001 participer à la relance de l’économie mondiale sans pour autant assumer le moindre leadership économique ou dévaluer sa monnaie le yuan renmibi.

En 2009, lors du sommet de Pittsburgh, le G20 a de fait intégré officiellement les BRICS après une première invitation lors de la crise financière asiatique de 1997. Finançant certaines des économies touchées, les émergents souhaitent une meilleure maîtrise des déficits publics dans les pays développés et ne cessent d’inciter les Etats-Unis à la modération. En outre, ils sont inquiets d’un ralentissement économique accru puisque les principaux Etats touchés sont leurs principaux clients.

A partir de la décennie 2010, les BRICS s'unissent pour construire une alternative à la gouvernance financière actuelle :  

Création de la New Development Bank (NDB), une nouvelle banque de développement lancés par les pays membres du groupe des BRICS, en juillet 2014 et active dès décembre 2015.  Cette institution est à considérer comme une tentative de bousculer l’architecture financière mondiale dessinée par les accords de Bretton Woods. 

Elle constitue une alternative au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (BM), critiqués pour leur incapacité à refléter le poids grandissants des pays émergents et à favoriser les Occidentaux et plus sûrement les Etats-Unis. Les BRICS représentent 46% de la population de la planète et 19,8% du PIB mondial d'où l'opportunité de cette création et de ce rassemblement . Elle permettrait d'éviter à ces Etats, aux autres émergents et à leurs alliés d'échapper aux politiques structurelles menées et exigées par le FMi et la BM dans le cadre de prêts internationaux.


  • Une gouvernance qui sous l’effet de la crise de 2008 remet en cause le rôle de l’Etat-nation, ses limites mais qui en montre aussi sa pertinence en cas de crise et de nécessité.
Les politiques néolibérales et l’absence de régulation qui sont à l’origine des crises des vingt dernières années et notamment de celle de 2008, ont montré que l’Etat-nation était encore nécessaire pour sauver le secteur bancaire et financier, et le recapitaliser avec de l’argent public.

Certes, son poids géopolitique, économique et financier a décru et ses modalités d’actions sont de plus en plus contraintes par des logiques supranationales comme au sein de l’UE ou des réglementations fixées par le FMI ou la BM. Sa faiblesse a aussi été soulignée après qu’il se soit endetté pour préserver ce qui pouvait l’être. Attaqué par les agences de notation pour leurs dettes publiques, leur champs d’action et leurs moyens se sont limités mais l’échelle de leur intervention reste toujours pertinente quoique réduite dans la gouvernance mondiale actuelle.

  • Une gouvernance qui impose une approche collective et multilatérale : une logique de partenariat et d’entente.

La crise de 2008 a montré la nécessité d’une approche collective, concertée et plus rapide de tous les acteurs, tout en mobilisant des moyens conséquents à la hauteur des défis d’une économie mondialisée et interconnectée. 

Elle a redistribué les cartes au sein de la gouvernance économique mondiale au profit des émergents, fragilisant la puissance américaine et relativisant les possibilités d’action européenne. Elle remet en cause les équilibres mondiaux et en même temps elle les révèle.

Elle nécessite également de revoir les modalités de réaction face aux crises et donc la régulation des secteurs bancaires et financiers à l’échelle mondiale, en multipliant les règles prudentielles (Accords Bâle II de 2007 et Bâle III de 2012 pour stabiliser les banques) tout en s’attaquant aux paradis fiscaux.

Elle a aussi incité les Etats et les acteurs de la gouvernance à une plus grande attention et à la création de nouvelles institutions notamment à l’échelle régionale comme en Europe : Mécanisme Européen de Stabilité 2013 (MES) et traité sur la gouvernance européenne en Europe.

CONCLUSION

Travail à faire pour mardi 17 janvier:
- Compléter et reprendre la chronologie page 187
- Reprendre schma page 188


Sources:




Travail à faire : Exposé pour lundi 23 janvier 

FMI 
OMC
Banque mondiale
OCDE
NDB ou Banque des émergents
 
Format : 5 à 10 minutes 

Rôle et fonctions
Politiques menées
Directions des institutions
Limites et critiques de leurs actions